Mekong Plus transforme le Vietnam grâce au microcrédit

Microcrédit : « C’est un cadeau qui donne deux fois », explique Bernard Kervyn, fondateur de Mekong Plus, l’organisation sans but lucratif et de développement communautaire qui a passé plus de deux décennies à améliorer la vie de milliers de personnes dans la région du delta du Mékong.

En effet, l’aide se présente sous de nombreuses formes, mais pour Bernard, la meilleure forme d’assistance est celle qui entraîne spontanément d’autres bénéficiaires sans autre intervention.

Le microcrédit de Mékong Plus change la vie des défavorisés en Indochine

Bernard a découvert le microcrédit en tant que stratégie visant à améliorer la vie des personnes défavorisées lors d’une expérience directe, au cours des dix années qu’il a passées en tant que travailleur social au Bangladesh, où la Grameen Bank fondée par Muhammad Yunus a commencé à offrir de petits prêts aux villageois dans les années 1980. Des montants souvent considérés comme insignifiants et, ironiquement, à haut risque pour les banques traditionnelles.

« Le montant minimum dans la plupart des banques au Vietnam est d’environ 10 000 000 VND », explique Bernard. 

En conséquence, de nombreux pauvres ont recours à des emprunts auprès de prêteurs sur gage, souvent assortis de taux d’intérêt élevés. C’est pour cette raison, entre autres, que Bernard et son équipe de Mekong Plus se sont engagés à offrir des microcrédits aux habitants de la région.

Ducks being raised in a farm in a village of rural Vietnam.

« On ne donne pas le prêt pour être remboursé ! Le but est de vaincre la pauvreté », s’exclame Bernard tout en rappelant que le taux de remboursement est en réalité 99,9%.

Un exemple est la famille de Madame Xiêu du district de Ninh Phước, province de Ninh Thuận, l’une des zones les plus pauvres de la région côtière centrale du Vietnam. Les prêteurs exigeant 10 % d’intérêts par mois, le microcrédit de 110 € accordé par Mekong Plus l’a libérée du fardeau du remboursement, lui permettant d’économiser 10 € supplémentaires par mois. Ce montant, qui peut sembler insignifiant du point de vue des pays développés, lui permet d’effectuer des réparations inestimables sur sa maison.

En règle générale, Mékong Plus maintient les microcrédits sans intérêt pendant les trois premières années. Ensuite, une période de transition s’ouvre, au cours de laquelle les bénéficiaires du programme commencent à payer de faibles taux d’intérêt.

« Petit à petit, nous voulons qu’ils s’habituent à emprunter et à investir lorsqu’ils quitteront notre système pour les banques d’État », explique Bernard pour expliquer la philosophie qui sous-tend cette décision.

L’élevage durable est la clé du succès

« L’un des principaux problèmes de l’agriculture est qu’il faut beaucoup de terres, mais pour commencer à élever des poulets et des anguilles, il suffit de 2 000 000 VND (87USD) », ajoute Bernard.

C’est dans cet esprit que Mekong Plus a commencé à travailler sur les banques de porcs à la fin des années 90. Le plan était simple : au-delà des microcrédits, des truies devaient être données aux villageois pour qu’ils puissent commencer à gagner leur vie en pratiquant l’élevage. 

Madame Hoa de Đức Linh, dans la province de Bình Thuận, est un exemple dans le Vietnam rural. Elle a d’abord reçu deux cochons qui ont ensuite donné naissance à 19 porcelets, ce qui a entraîné une augmentation de 55% du revenu du ménage au bout d’un an. 

https://www.youtube.com/watch?v=D8lxAZV4w54

« Tout ce que nous avions à faire, c’était de rembourser avec trois porcelets », dit Hoa en souriant. 

Cette stratégie, simple et efficace, permet à Mékong Plus de faire profiter d’autres villageois des fruits du projet sans charge monétaire supplémentaire.

Mékong Plus anticipe et s’adapte aux catastrophes

La grippe porcine africaine s’est révélée être un sérieux problème en Indochine. La vague de l’été 2019 a provoqué la mort d’un nombre impressionnant de 4,7 millions de porcs, laissant le marché instable et sous le contrôle de grands conglomérats. 

« Nous avons commencé à réfléchir à d’autres types de bétail. C’est à ce moment-là que les chèvres sont devenues une option », Bernard, évoquant la façon dont Mékong Plus a rapidement évolué pour contrer le problème.

https://youtu.be/t5MnzgkA73Y

Les chèvres atteignent facilement 35 kilos en cinq mois et nécessitent moins d’espace que les porcs. La stabilité de leur prix sur le marché et la crainte d’une nouvelle épidémie porcine ont incité de nombreuses personnes à se tourner vers l’élevage de chèvres. Le « Goat Project » de Mékong Plus offre un microcrédit suffisant pour acheter un mâle et deux femelles.

La maison de Tân Thành, dans le delta du Mékong, a été détruite par une inondation dévastatrice, et la famille vit désormais au niveau de subsistance dans une maison de fortune faite principalement de matériaux de récupération. Avec deux enfants scolarisés et un seul en âge de travailler, il a cherché une solution pour améliorer leurs conditions de vie. 

Mekong Plus a aidé Thanh à construire un abri pour les chèvres et à obtenir un prêt de 130 dollars pour le troupeau.

« Mes bénéfices ont doublé en quelques mois », a fait remarquer Thanh. « Nous vendons également ces [excréments] pour obtenir un revenu supplémentaire. Les gens s’en servent comme engrais ».

https://youtu.be/ZGiEVE_RNg4

Aujourd’hui, Mekong Plus gère également des banques de poulets et de vaches comme alternatives à l’élevage de porcs.

Empathie et formation indispensables à la cause

Le soutien technique augmente le taux de réussite, l’équipe de Mékong Plus mettant l’accent sur la formation et la vaccination du bétail. Par exemple, la formation et le contrôle des maladies des troupeaux de porcs de 735 ménages à Rumdoul, dans la province de Svay Rieng au Cambodge, ont permis de réduire considérablement la mortalité porcine, qui est passée de 40 % à 10 %.

« Lorsque nous commençons avec un ménage, nous prenons le temps de comprendre ses besoins spécifiques », a rappelé Bernard. Environ un tiers des bénéficiaires de Mékong Plus sont des familles de mères célibataires. 

« [Donc] nous ne parlons pas seulement de prêts. Faire preuve d’empathie est important », a expliqué Bernard.

C’est ce qui a incité Mekong Plus à créer en 2001 les premières entreprises sociales d’Asie du Sud-Est basées sur la couture, créant ainsi des emplois et diversifiant les revenus de ses bénéficiaires. 

Tendances changeantes du microcrédit au Vietnam

Aujourd’hui, des organisations classiques telles que les banques d’État et l’Union des femmes proposent des microcrédits, ce qui a permis à Mékong Plus de réaffirmer sa cause.

« La plupart de ces programmes [proposés par les organisations traditionnelles] sont axés sur les revenus moyens. Les plus faibles sont considérés comme des emprunteurs à très haut risque », explique Bernard.

Mekong Plus continue de se concentrer sur une série de bénéficiaires qui n’ont que peu ou pas de filet de sécurité ; des familles dont le budget est de 1€ ou moins par jour. On estime que 5 à 10 % des 98 millions d’habitants du Vietnam entrent dans cette catégorie.

« Nous n’essayons pas de faire concurrence. Nous ciblons ceux qui n’ont tout simplement pas accès [à ces programmes]. Le nombre [de personnes] est encore plus élevé dans les régions que nous visitons régulièrement. »

Comment vous pouvez aider Mekong Plus

En 2019, Mékong Plus a régulièrement aidé 8000 ménages à sortir de la pauvreté, avec une dépense moyenne de 67€ par ménage chaque année. Ces efforts équivalent à un grand investissement social car la réduction de la pauvreté de chaque ménage bénéficiaire est estimée à 210€ par an.

Malheureusement, en raison de la pandémie, les fonds sont devenus rares. Avec le retour des vagues de COVID-19, l’état de pauvreté au Vietnam et au Cambodge s’aggrave.

Si vous souhaitez aider Mekong Plus dans sa cause, pensez à faire une contribution ici


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